Le service de Chirurgie Digestive, Hépatobiliaire et Endocrinienne de l’hôpital Cochin – Port-Royal a réalisé en janvier 2022 la première thyroïdectomie par voie trans-orale au sein du GHU AP-HP.Centre. Introduite à l’AP-HP depuis environ 2 ans, cette nouvelle voie d’abord permet de proposer une intervention sans cicatrice visible.

En France, environ 40 000 patients par an sont opérés d’une chirurgie thyroïdienne. Dans la grande majorité des cas, la thyroïdectomie se pratique grâce à une incision au niveau du cou (cervicotomie). La voie trans-orale permet de proposer une chirurgie équivalente sans cicatrice visible. L’intervention est effectuée au travers de trois petites incisions en arrière de la lèvre inférieure. Après création d’un espace sous-cutané, le chirurgien accède à la thyroïde par vidéochirurgie. Le matériel utilisé est un matériel coelioscopique. La préservation des nerfs récurrents (qui se dirigent vers les cordes vocales) est optimisée par le recours systématique au monitoring nerveux. La chirurgie trans-orale dure actuellement 1,5 à 2 fois plus longtemps que la voie conventionnelle.

Environ un tiers des patients seraient éligibles à cet abord : des goitres n’excédant pas un certain volume, des nodules suspects ou hypersécrétants, des cancers de petite taille localisés à la thyroïde. Cette technique s’adresse de préférence aux chirurgies unilatérales (lobo-isthmectomies) mais des thyroïdectomies totales peuvent également être réalisées par cet abord.

En post-opératoire, le patient peut présenter des fourmillements à l’intérieur de la bouche ou du menton qui disparaissent habituellement en quelques jours. Les autres complications de cette chirurgie sont rares et similaires à celles de la chirurgie conventionnelle par cicatrice cervicale (inférieures à 3%) : hématome postopératoire, paralysie récurrentielle, hypocalcémie. Il n’y a pas de précaution postopératoire particulière liée à cette voie d’abord (alimentation normale, brossage des dents par brosse souple, sortie le lendemain).