Recherche : une étude de pharmacovigilance sur les infections maternelles au cytomégalovirus

Recherche : une étude de pharmacovigilance sur les infections maternelles au cytomégalovirus

Évaluation du risque d’issue défavorable de la grossesse et de déclaration d’anomalies congénitales chez les femmes exposées au ganciclovir ou au valganciclovir pendant la grossesse : une étude de pharmacovigilance

Le cytomégalovirus (CMV) est une cause majeure d’infection congénitale, touchant 0,4 à 2 % des nouveau-nés dans le monde. Les infections maternelles au CMV au cours du premier trimestre de grossesse peuvent entraîner des atteintes neurologiques sévères chez les nourrissons. Le traitement de référence de l’infection à CMV est le ganciclovir (ou le valganciclovir pour sa forme orale). Ces traitements ne sont actuellement pas recommandés au cours de la grossesse en raison d’un manque de données de sécurité et d’effets tératogènes observés sur des modèles animaux.

Les auteurs de cette étude, coordonnée par le Pr Laurent Chouchana (hôpital Cochin), ont utilisé la base de données de pharmacovigilance de l’OMS, incluant plusieurs millions de rapport de cas issus de 131 pays, pour identifier un potentiel signal de sécurité associé à l’utilisation du ganciclovir/valganciclovir pendant la grossesse. L’étude a porté sur 1038 rapports de cas de femmes exposées à ces médicaments, dont 34 cas d’issues défavorables de grossesse (telles que fausse-couche, mort fœtale in utero, prématurité, petit poids pour l’âge gestationnel et malformations congénitales majeures). Il n’a pas été retrouvé d’augmentation de notification d’issue défavorable de grossesse avec ces médicaments, par rapport à des femmes exposées à un autre antiviral, l’aciclovir. Un cluster de 4 cas de malformations congénitales majeures digestives a été identifié avec le ganciclovir/valganciclovir, mais possiblement en lien avec d’autres médicaments présents chez ces patientes. Les limites principales de cette étude sont le caractère rétrospectif, le nombre limité de cas et la présence de facteurs résiduels de confusion.

Ces résultats préliminaires publiés dans la revue Journal of Antimicrobial Chemotherapy, doivent être confirmés par d’autres études mais suggèrent la possibilité d’un essai clinique pour l’usage du ganciclovir/valganciclovir dans les infections maternelles ou fœtales sévères à CMV